Dans une ville de province Normandie où résonnait le son des cloches, on respirait l’anonymité et la solitude, les lieux publics avec leur lumière froide et blanche étaient sans personnalité. Le sentiment d’aliénation s’interrompit quand je fus envahie par la chaleur et l’originalité de la musique des année 80, dont l’air s’impregna. Cette sensation est restée dans ma mémoire et dans mes veines. Léger et onirique, le son du groupe The Church est profond et s’insère dans cette époque avec distortion et spontanéité. Under the milky way se distingue particulièrement.

Le groupe The Church a été fondé à Sydney en 1978. La chanson qui m’a le le plus marquée est celle qui est la plus connue du groupe: Under the Milky Way (album Starfish). Tout l’album est emprunt de poésie, exprimée à travers un ryhthme résolu et le delay du son de la guitare. Under the milky way est énergisant, le rythme syncopé de la guitare est unique (j’aime aussi le jouer moi-mème).

Selon moi l’Océanie joue un rôle important en conférant des caractéristiques uniques et particulières aux groupes rock australiens. Tout comme pour la Nouvelle-Calédonie – je pense aussi à Livourne en Italie – l’Australie est une ancienne colonie pénale. Par conséquence les personnes qui y vivent ressentent encore l’esprit rebelle du passé, comme une nourriture pour la création. Bien qu’en rien souhaitable pour personne, les lieux d’aliénation et d’exil ont vu croitre paradoxalement la créativité de manière très forte et particulière.

Un autre exemple est le Mississipi. Les noirs d’Amériques, sous le joug de l’esclavage, ont fait naitre le blues, et sont parvenus à déclencher une révolution musicale. Mon leitmotiv est un vers d’une chanson blues régistrée par Alan Lomax en 1959, John Henry:

“ Un homme est seulement un homme, mais plutôt qu’être battu par une machine, je préfère mourir avec mon marteau en main.”

Je n’ai malheureusement pas eu la chance de voir un concert des Church. Steven Kilbey est une personne créative à tout niveau, il compose la musique, écrit des poésies et il peint. Il manifeste ses émotions et ses pensées sans être politiquement correct, chose appréciable, le tout avec beacoup d’humour. Il a lâché le groupe pendant un an, en 2012, quand il a découvert les faibles royalties dévolues aux musiciens par la maison de disques américaine Second Motion Record, comparées aux ventes exceptionnelles de leurs disques.

Ces labels sont en effet dépeints de manière pertinente dans la série tv Vinyl, un film cult pour moi. Elle n’a pas eu de suite, avec mon grand dépit. Néanmoins, le directeur du label et protagoniste Richie Finestra est exceptionnel pour sa capacité visionnaire, son courage et son aptitude à découvrir des groupes novateurs. La série a été créée par Mick Jagger et Martin Scorzese.